PRINCIPE
En premier lieu, il ne faut pas perdre de vue qu'il s'agit, lorsqu'on réalise une héliogravure, d'une eau-forte.
Le principe même de l'eau-forte se retrouve ici, dans toute sa simplicité apparente aussi bien que dans ses richesses les plus variées.
Le support reste identique : à savoir la plaque de cuivre, métal à la fois tendre et vif, seul métal apte à retenir les détails les plus intimes de la gravure et à reproduire les différentes densités des dégradés les plus subtils du noir intense au gris les plus légers.
Le deuxième intervenant de l'eau-forte traditionnelle se retrouve ici sous la forme d'une couche protectrice vis à vis du métal :
au lieu d'utiliser un vernis ( à base de bitume classiquement ), ici dans l'héliogravure on va se servir d'une membrane de gélatine photosensible.
Le troisième intervenant majeur, c'est bien entendu le mordant qui va creuser à même le cuivre et permettre à celui-ci de retenir l'encre d'imprimerie,cela dans le but ultime de reporter l'image sur le papier.On va utiliser ici le perchlorure de fer, un produit qui, bienque gardant ses propriétés toxiques, est capable d'attaquer le cuivre en douceur, mais également en profondeur.
Une fois présentés ces trois éléments ( le cuivre, la gélatine, le perchlorure de fer ), il ne reste plus qu'à intégrer une propriété particulière pour la gélatine quand elle est enrichie en bichromate de potassium : elle devient photosensible et insoluble à l' eau dans les parties insolées et de façon proportionnelle à la quantité de lumière reçue.
Cette réponse proportionnelle au rayonnement lumineux nous laisse entrevoir qu'il va être possible d'obtenir un support plus ou moins épais selon qu'il aura été plus ou moins exposé.Ce support gélatineux d'épaisseur variable suite à son insolation, permettra au mordant d'atteindre plus ou moins vite le cuivre sous-jaccent.
Ce gradient d'accés au métal par le perchlorure à travers une gélatine plus ou moins épaisse, voilà le secret et à la fois toute la difficulté de l'héliogravure au grain.